Anima mundi
Susanna Tamaro1998

Il est difficile de classer ce roman de Susanna Tamaro, il tient un peu de l'essai philosophique, un peu du roman psychologique ainsi que du récit. Quoi qu'il en soit, la vie du héros, Walter, somme toute assez banale dans ses faits et gestes, est d'une grande intensité et d'une richesse étonnante. Ce jeune homme mal aimé est parfois pathétique dans sa quête de perfection et de bonheur. La seule personne qui semble comprendre son mal de vivre est son amie Andréa. Ces deux solitudes échangent et partagent la même philosophie : un désabusement de la vie et surtout un profond mépris pour les gens qu'ils côtoient. Ils sont les seuls à posséder l'intelligence requise pour atteindre la vérité.
C'est dans cet esprit que Walter quitte Trieste, sa ville natale, pour Rome, où la vraie vie l'attend. Cependant, le jeune homme va de désillusion en désillusion en voulant à tout prix se faire une place dans le monde littéraire. Après plus de dix ans de ce vain combat, Walter retourne dans sa ville natale, y retrouve un père mourant qu'il enterre peu après. Un certain calme qui a une faible teinte de sérénité commence à faire son chemin dans ce coeur et surtout cet esprit tourmentés.
Ce n'est que vers la fin du roman que Walter trouvera enfin la paix grâce à une rencontre qui changera son optique de la vie.
Susanna Tamaro a écrit là un roman qui, tout en montrant une dure réalité, touche le coeur par sa sensibilité et son regard scrutateur sur les questions d'ordre existentiel que chacun se pose un jour ou l'autre : la recherche de la vérité, du bonheur, la fragile frontière entre le bien et le mal, la raison profonde des agissements des gens, la mort... Les préoccupations du héros sont tellement bien rendues que parfois, je m'y reconnaissais. Et, je dois avouer que la fin, qui ouvre la porte à l'espoir sans prêchi-prêcha, m'a beaucoup touchée et a même eu une influence sur ma vie. Que dire de plus : lisez ce roman, comme moi, vous reviendrez souvent sur certains passages.