La bonne étoile
Sophia Loren et Aaron Edward Hotchner1979

Une petite Napolitaine aux jambes de sauterelles et à la bouche inquiète deviendra l'une des premières stars internationales de l’après guerre. Des arrières-cours criardes de Pozzuoli près de Naples aux villas californiennes de Beverly Hillsou au parvis du Carlton un soir de Festival, la distance n'est pas négligeable. Des années lumières en vérité que Sofia Scicolone - devenue Sophia Loren - traversera avec la stupéfaction éblouie de ceux dont le vrai bonheur est de ne jamais s'habituer à leur propre chance. Est ce la faute de Sophia, après tout, si le récit de sa vie semble écrit par un auteur de romans roses à l'usage des petites filles pauvres qui rêvent de cinéma dans tous les faubourgs d'Europe? Cette limpidité tranquillement assumée, ce parti pris de transparence jusque dans l'évocation des plus intimes déchirures font le charme d'une autobiographie très inattendue. On pourra trouver candide une certaine fidélité au bon sens maintenue contre les vertiges notoires du vedettariat, vaguement démodé ce culte méticuleux des vertus morales et conjugales dans un milieu qui fait, le plus souvent, profession d'en sourire; surprenant enfin ce goût très "artisanal" du travail recommencé... Sophia Loren, star et mère de famille, monstre sacré et épouse attentive, prend ici le risque de se raconter comme elle se voit. On verra que cela ne va pas sans courage.