Lavomatic
Philippe Di Folco2013

Derrière Jane, certains tambours tournent à plein régime, embrigadant les étoffes en un gris ondoyant. Il est onze heures du soir passées quelques minutes. La porte du lavomatic est bloquée par le verrou relié à un connecteur électronique. Les néons restent cependant allumés et crachent une lueur violine. Le personnel de service se pointe seulement au petit matin, sur les coups de six heures. Elle sait ça par c ur. Elle sait qu elle peut dormir ici tranquille, bercée par le ronronnement des machines à laver, le cahotement des luminaires. Ce qu elle ne comprend pas c est que deux heures plus tôt, sur Sunset, sa CB a été avalée, la laissant sans un rond.
Il fait beaucoup moins chaud dans cette partie du monde qui l a vue naître. Jane veut repartir vers la Califormie. Soit, mais ici personne ne sait qu elle est une criminelle. Trois jours plus tôt, Marina avait oublié de la rattacher, elle en a profité, elle a sorti les crocs et a mordu ses maîtres. Depuis, elle ne parvient pas à se débarrasser du collier ; ça lui donne un genre badgirl. Les quatre filles de l ingénieur Roylando lui avaient dit qu elles aimaient bien son look. Elle ne leur avait pas trop serré les mains. Sous ses ongles demeuraient incrustés les sucs vaginaux de Marina, qui, exprimés sous son nez, par petits à coups discret, lui donnaient cette roideur rare et féconde, une odeur qu elles adorent toutes tant et tant, que s en est trop facile.