La gloire de Don Ramiro
Enrique Rodriguez Larreta1992

En l’austère cité d’Avila, au temps de Philippe II d’Espagne, le jeune Ramiro, dernier rejeton d’une noble famille, grandit entre un grand-père qui l’ignore et une mère drapée dans son inflexible et noire pénitence. Le retrait ombrageux est ainsi le premier miroir où vient se refléter à ses yeux la troublante réalité du monde. Exalté, farouche, il s’initie aux délices et aux tourments de la solitude : plaisirs interdits, chargés de culpabilité, joies ambiguës de l’immolation voluptueuse.
Partagé entre le goût du cilice et celui de la chair, entre la vertu secrètement corruptrice et la simplicité du « jouir », entre la mortification chrétienne et la douceur sarrasine, il découvrira en affrontant le monde la clé de cette ambivalence qu’il ne cesse de sentir à l’œuvre tout au fond de lui. Sans gagner pour cela plus de liberté. Comme tant d’autres alors, il prendra le chemin de l’Amérique, où il pourra enfin donner libre cours à ses démons – et où le destin lui réserve une fin paradoxale.

Ce classique de la littérature du début du siècle, où éclatent toutes les contradictions d’un peuple, passe aujourd’hui encore, auprès des lecteurs de langue castillane, pour l’un des textes fondateurs de la littérature espagnole moderne.