Chamboula
Paul Fournel2007

" Au Village Fondamental, la vie était organisée selon les compétences de chacun. Celui qui ne savait rien faire ne faisait rien, celui qui savait sauter sur le pied gauche sautait sur le pied gauche, celui qui savait parler aux enfants parlait aux enfants, celui qui savait éplucher les noix épluchait les noix. " Un jour, on livra le réfrigérateur et il fut décidé que le frigo serait le frigo du village. Ce qui ne fut pas décidé, ce fut la révolution que le frigo apporta. Un jour, on livra le téléviseur et tout le monde apprit l'irrespect. Le village plongea dans la tristesse et la mélancolie. Les oiseaux n'y chantèrent plus, la terre devint stérile, le désir disparut et la faim s'installa. C'est à ce moment qu'arriva SAV, l'homme du service après-vente, qui s'éprit de Chamboula, le symbole de la beauté du pays, et décida que le village allait devenir une vraie ville grâce au macro-crédit. " Bientôt, trois catégories se dessinèrent. La majorité, qui suivait le mouvement en s'en fichant et en regardant en l'air, qui était spécialiste de l'à-peu-près-droit, du pas-trop-tordu. Une minorité qui vit tout de suite le profit qu'elle pouvait tirer du droit-pur, de l'aligné, du raide, du bien-léché. Et une autre minorité qui se mit à marcher du mauvais pied, à faire la mauvaise humeur. On les appela les Rienfoutants. " En un mot comme en cent, rien ne va pus au Village Fondamental... À lire et à relire pour le plaisir sans cesse renouvelé d'un roman jubilatoire et merveilleusement composé, tout à la fois poétique et politique.