Texasville
Larry McMurtry1989

« Plus il regardait ses enfants, plus il s’interrogeait sur ces histoires de gènes. Il avait acheté deux livres sur le sujet pour comprendre comment fonctionnait cette affaire d’hérédité, mais il avait beau essayer de vérifier les théories en prenant le cas de ses enfants, il n’en demeurait pas moins perplexe. Apparemment, ils n’avaient rien hérité de lui. Tous les quatre avaient le regard bleu et vif de leur mère, ses cheveux couleur avoine, sa dentition parfaite. Karla n’avait jamais eu une seule carie de sa vie, et les gosses non plus, alors que sa bouche à lui était remplie de bridges. Cependant la chose qu’elle semblait surtout leur avoir donnée, c’était une sorte d’opiniâtreté farouche. Il était impossible de les empêcher de faire ce qu’ils avaient décidé, à moins de les contraindre par la force, ce qui au fil des années devenait de plus en plus difficile. » Confronté aux incessants problèmes causés par son infernale progéniture, Duane, quand il ne tire pas au .44 Magnum sur la niche qu’il a offert à son chien (lequel n’en veut pas), jongle avec des dettes imposantes, un jacuzzi, une épouse et quelques maîtresses blasées. Quand les habitants de Thalia décident de fêter le centenaire de la ville « en lui donnant un air de Far West », la folie dépasse largement le cadre familial et se généralise. Oscillant sans cesse entre humour et noirceur, porté par une drôlerie irrésistible, Texasville est un roman jubilatoire qui s’impose, dès les premières pages, comme un véritable chef-d’œuvre.

Titre original : Texasville (1987)