Roland-Garros 2008
Patrice Dominguez2008

DIMANCHE 25 MAI

SALUT L'ARTISTE

«JE PARS COMME JE VOULAIS PARTIR.»

Il y a quatre-vingts ans s'ouvraient, pour la première fois, les portes du stade Roland-Garros. Les Internationaux de France, jusqu'alors disputés en alternance sur les courts du Stade Français et du Racing Club de France, prenaient leurs quartiers dans un stade construit en urgence durant l'hiver de 1927-1928. Depuis ce jour, le stade n'a cessé de grandir, les files de spectateurs de grossir, et les champions d'écrire la légende de la terre de Roland-Garros.
Quatre-vingts ans d'émotions partagées tous les jours, comme ce dimanche de fête des Mères : un beau soleil, un Français chéri par le public, Paul-Henri Mathieu, face à un Brésilien et non des moindres puisqu'il s'agit de Guga, Gustavo Kuerten, le triple champion, le modèle de sportivité, l'enfant de Florianópolis que la terre battue a sacré pour la première fois en 1997.
Ce 25 mai, onze ans après, Guga, invité par le Comité du tournoi, est venu pour tirer sa révérence et mettre un point d'orgue à sa fantastique carrière. L'homme au revers lasso, à la souplesse d'un roseau qui pliait mais ne rompait jamais, joue son dernier récital dans son costume d'origine jaune et bleu ! Guga sourit, il est heureux, il joue, il s'amuse mais grimace aussi lorsqu'il glisse sur sa hanche meurtrie. On le voit bien, Guga a perdu son déplacement aérien, il n'est plus que l'ombre de l'indomptable joueur qu'il était lorsqu'il sauvait des balles de match et qu'il dessinait un immense coeur du bout de sa raquette en guise de remerciement pour ce public qui ne l'a jamais abandonné. Cet après-midi, les spectateurs le regardent avec les yeux de Chimène, et lorsqu'il serre pour la dernière fois la main de son adversaire, le public chavire avec des larmes dans les yeux, tout comme Guga le visage enfoui sous la serviette. L'hommage au champion est vibrant, un monsieur du tennis s'en va dans la joie vers une autre vie.