Le papillon de nuit
Sébastien Tissandier2017

La cime des arbres, aux feuillages teintés des couleurs de l’automne, ressemblait à une mer sableuse, balayée par le vent. Sous la surface de cet océan végétal, dans un froissement de feuilles mortes, les pas d’une petite fille résonnaient parmi les chants d’oiseaux et la brise. Angoissée, Céleste pressait le pas dans l’obscurité naissante tombant sur la forêt. Un rossignol vocalisait sur la branche d’un arbre, une mésange voleta tout près de la petite fille. Céleste regarda autour d’elle. Il lui semblait reconnaître le grand chêne devant lequel elle venait de passer. Tout comme les autres arbres autour d’elle. Mais Céleste dut se rendre à l’évidence : elle s’était perdue. D’un pas vif, cette petite fille de dix ans, blonde aux yeux verts, s’engagea un peu plus profondément dans la forêt, gardant l’espoir de retrouver son père. Elle regrettait de lui avoir demandé de jouer à cache-cache dans ce labyrinthe de végétation. Si sa mère avait encore été de ce monde, elle lui aurait dit que c’était dangereux. En pensant à elle, Céleste sentit une boule se former dans sa gorge et des larmes se former au coin de ses yeux. Sa mère lui manquait tellement. Perdue dans ses pensées, Céleste ne faisait plus attention au paysage qui l’entourait. Elle errait dans la direction où ses pas la menaient. Sa robe bleue et le nœud que sa ceinture faisait dans son dos virevoltaient au rythme de ses pas. L’obscurité oppressante muait son angoisse en peur ; elle qui détestait se retrouver dans le noir, elle qui avait besoin d’une lumière pour s’endormir le soir depuis que sa mère était décédée deux ans auparavant.