Fusillés pour l'exemple : 1914-1915
André Bach2003

Qu'est-ce qui peut amener un officier général, arrivé au terme de sa vie professionnelle, à s'intéresser à l'un des aspects les plus controversés de la grande guerre civile des peuples de la vieille Europe il y a près de cent ans : la condamnation et l'exécution, sur ordre de la hiérarchie militaire, de soldats au nom du maintien de la discipline ?
N'y a-t-il pas quelque incongruité à prétendre vouloir faire preuve d'objectivité alors que, pour une partie de la population, ce sinistre épisode est perçu comme le résultat de l'action de la haute hiérarchie militaire, action dont l'horreur permet de vouer aux gémonies un corps de l'État capable d'une telle férocité ?
D'autre part, que penser d'un général en deuxième section qui s'intéresse à cette infime partie des combattants de 1914-1918 qui, selon les termes des jugements qui les ont condamnés, ont manqué à leur devoir ou ont «fait preuve de lâcheté» ?
Pourquoi étudier ce petit groupe d'un peu plus de 2 400 condamnés à mort, dont 600 d'entre eux furent fusillés, alors que la France a appelé de 1914 à 1918 sous les drapeaux 8 millions de ses citoyens ?
N'est-il pas indécent de rappeler la mémoire de ceux que la justice militaire a stigmatisés pour avoir failli, alors qu'il paraîtrait plus judicieux de se pencher sur le sort des 1 300 000 qui sont tombés en résistant à l'agression allemande ? Sans compter les 3 millions qui sont revenus affreusement marqués dans leur chair.
Ces questions sont légitimes en introduction de cet ouvrage et méritent réponse.