[Suivi lecture] Demain Matin À L'Aube

 
    • Artaghos d'Ultaec

      Livraddictien débutant

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      #1 09 Mai 2022 20:57:47

      SOMMAIRE




      A
      B
      C
      D
      ► Dumas, Alexandre : Les Trois Mousquetaires (1844) Vingt Ans Après (1845) Le Vicomte de Bragelonne (1850)
      E
      F
      G
      H
      I
      J
      K
      L
      M
      N
      O
      P
      Q
      R
      S
      T
      U
      V
      W
      ► Weick, Adrienne : La Septième Diabolique (2022)
      X
      Y
      Z

      Dernière modification par Artaghos d'Ultaec (19 Juin 2023 14:35:42)

    • Artaghos d'Ultaec

      Livraddictien débutant

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      #2 09 Mai 2022 21:02:46

      Les Trois Mousquetaires (1844), Alexandre Dumas



      Il y a longtemps que je me répétais "Il faut absolument que je lise Les Trois Mousquetaires, je suis sûr que ça va me plaire". Je me le rabâchais à chaque fois que je finissais un livre. Je me souviens même que plus jeune, j'en entendais parler de la même manière que les profs de Français au collège parlaient des autres classiques de la littérature française, comme Les Misérables, Germinal, Hernani ou encore Don Juan. À chaque fois que je commandais des livres dans la librairie la plus proche de chez moi, je voyais derrière le comptoir un gros livre rouge sur Jules Verne ou Émile Zola, je ne sais plus quel auteur exactement. Ce livre collector regroupait toutes les œuvres de l'auteur. Et en pensant à ces grands piliers de notre littérature, il y avait une homme que je ne connaissais que de nom. Un homme dont l'œuvre la plus connue me tracassait l'esprit tant il me tardait de découvrir l'histoire qu'elle racontait. Je me souviens aussi que durant le mois de février de cette année, lorsque je faisais une heure de conduite, la radio qui comme à son habitude était réglée sur RTL était allumée. Il y avait une journaliste en appel avec une personne. Et soudainement, à l'annonce de la question : Dans Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas père, comment se nomment les trois compagnons de D'Artagnan ? La personne n'ayant pas su répondre à la question, la journaliste l'a donc donnée : Athos, Porthos et Aramis. Je dois dire qu'à ce moment-là, ces noms m'inspiraient un mystère que je me devais d'élucider : l'histoire tant vantée que contée de ces trois héros, qui en réalité dit-on, sont quatre.

      Et un mois après, le 11 mars très exactement, n'ayant pas lu depuis trop longtemps, j'ai cédé à mon envie de lire ce roman de capes et d'épées. N'ayant jamais fait de recherches - à tort - sur ce livre, je pensais qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre vu la façon dont mes profs vendaient cette œuvre. Que nenni. Il s'agit en fait d'un roman. Je dois dire que cela m'a soulagé car j'avais peur que ce soit trop lyrique et proche d'un Hernani, avec des personnages et une tragédie stéréotypés. Mes recherches furent donc de dernière minute. Mais qu'importe, une fois en possession du bouquin, je me suis vite familiarisé avec ce magnifique français qu'était celui du XVIIIème / XIXème siècles. Et à une vitesse qui m'effraya au début, je dévorais chapitre après chapitre ce roman dont l'intrigue se révélait petit à petit à moi. Un mois après, le 13 avril, j'avais fini de le lire. Ainsi, après cette rétrospective sans doute trop longue, je vous livre mon avis sur cette histoire, en évitant de la spoiler.

      Ma première impression en lisant cette œuvre est un merveilleux étonnement. Jamais je n'aurais pensé qu'une œuvre qui date quand même de 1844, possède une histoire ficelée avec autant de soins. Chaque chapitre est important et laisse des petits indices qui laissent à présager la suite et qui, crescendo, font connaître le vrai visage de chaque personnage important. Cela rend l'intrigue (comme chacune se doit de l'être par essence) : intrigante. Ensuite, je trouve cela très agréable de lire une histoire avec une élocution aussi suave qu'elle pouvait l'être à cette époque. Les gens sont polis entre eux, même quand il s'agit de se battre. (Il est bien dommage que ces mœurs aient disparu avec le temps). D'ailleurs, Dumas nous raconte l'histoire d'un point de vue omniscient mais souvent en parlant à ses lecteurs en employant le "nous" dans des phrases comme "nous y reviendrons plus tard" ou encore "dont nous avons déjà fait la description plus haut". Cette proximité auteur-lecteur rend le récit très attachant, comme si un père contait une histoire à ses enfants. Autre point positif : chaque personnage principal est développé à la hauteur de son importance. C'est-à-dire que d'une part il va être brièvement introduit avec ses caractéristiques physiques et morales, et d'autre part, son passé se révèle autour de l'intrigue qui se resserre. Mais en aucun cas le lecteur est laissé dans le flou pour ce qui est des personnages. Je suis aussi content sur un autre point : les personnages ne sont pas manichéens. Pas même notre héros D'Artagnan. Aussi, les descriptions physiques ne sont pas extrêmement détaillées, ce qui laisse une certaine liberté au lecteur de s'imaginer chaque personnage. D'un côté je trouve cela bien et d'un autre, je préfère et aurais préféré plus de descriptions sur les traits physiques, notamment ceux de nos quatre compagnons. Dans tous les cas, il y en a assez pour s'imaginer les protagonistes. Je ne peux pas compter cela comme un point négatif, car le quotas de descriptions y est, les personnages sont physiquement et moralement cernable et cela relève d'un choix de l'auteur pour son public. En ce qui concerne les quatre personnages, je les trouve vraiment, mais alors, vraiment attachants. Ils ont tous les quatre un caractère radicalement opposé, mais ils se respectent pour ce qu'ils sont et écoutent toujours lorsqu'un des leurs prend la parole, avec chacun une grande déférence pour l'autre, et ça, c'est de la bromance. Je tairais mon avis sur les protagonistes, ainsi que l'histoire en elle-même car cela éveillerait sans doute des spoils, et je veux laisser à chacun la possibilité de découvrir ce livre par soi-même.


      Enfin, pour ceux qui ont la même question que celle qui me torturait l'esprit une fois avoir lu ce livre : oui, il y a bien une suite aux aventures de ces quatre compagnons. Et que dis-je ! Non pas une, mais deux suites ! En effet, l'œuvre de capes et d'épée d'Alexandre Dumas est une trilogie, et les deux opus suivants s'intitulent respectivement Vingt ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1846).


      Aussi, je ne dirai que ceci pour conclure : des capes, des épées, des chapeaux à plumes, des duels, des intrigues de cour, de l'amour, de la vengeance, de l'amitié, du pardon, des trahisons, des promesses, tout cela au cœur de la France du XVIIème siècle sous Louis XIII ; si un seul de ces mots vous fait rêver, que faites-vous encore ici ? Foncez-donc lire cet œuvre qui en a inspiré tant d'autres et dont on ne dit point assez d'éloge !

      Dernière modification par Demain Matin À L'Aube (09 Mai 2022 21:44:35)

    • brimstoneferry

      Livraddictien débutant

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      #3 02 Juin 2022 04:07:10

      Demain Matin À L'Aube a écrit

      Les Trois Mousquetaires (1844), Alexandre Dumas



      Il y a longtemps que je me répétais "Il faut absolument que je lise Les Trois Mousquetaires, je suis sûr que ça va me plaire". Je me le rabâchais à chaque fois que je finissais un livre. Je me souviens même que plus jeune, j'en entendais parler de la même manière que les profs de Français au collège parlaient des autres classiques de la littérature française, comme Les Misérables, Germinal, Hernani ou encore Don Juan. À chaque fois que je commandais des livres dans la librairie la plus proche de chez moi, je voyais derrière le comptoir un gros livre rouge sur Jules Verne ou Émile Zola, je ne sais plus quel auteur exactement. Ce livre collector regroupait toutes les œuvres de l'auteur. Et en pensant à ces grands piliers de notre littérature, il y avait une homme que je ne connaissais que de nom. Un homme dont l'œuvre la plus connue me tracassait l'esprit tant il me tardait de découvrir l'histoire qu'elle racontait. Je me souviens aussi que durant le mois de février de cette année, lorsque je faisais une heure de conduite, la radio qui comme à son habitude était réglée sur RTL était allumée. Il y avait une journaliste en appel avec une personne. Et soudainement, à l'annonce de la question : Dans Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas père, comment se nomment les trois compagnons de D'Artagnan ? La personne n'ayant pas su répondre à la question, la journaliste l'a donc donnée : Athos, Porthos et Aramis. Je dois dire qu'à ce moment-là, ces noms m'inspiraient un mystère que je me devais d'élucider : l'histoire tant vantée que contée de ces trois héros, qui en réalité dit-on, sont quatre.

      Et un mois après, le 11 mars très exactement, n'ayant pas lu depuis trop longtemps, j'ai cédé à mon envie de lire ce roman de capes et d'épées. N'ayant jamais fait de recherches - à tort - sur ce livre, je pensais qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre vu la façon dont mes profs vendaient cette œuvre. Que nenni. Il s'agit en fait d'un roman. Je dois dire que cela m'a soulagé car j'avais peur que ce soit trop lyrique et proche d'un Hernani, avec des personnages et une tragédie stéréotypés. Mes recherches furent donc de dernière minute. Mais qu'importe, une fois en possession du bouquin, je me suis vite familiarisé avec ce magnifique français qu'était celui du XVIIIème / XIXème siècles. Et à une vitesse qui m'effraya au début, je dévorais chapitre après chapitre ce roman dont l'intrigue se révélait petit à petit à moi. Un mois après, le 13 avril, j'avais fini de le lire. Ainsi, après cette rétrospective sans doute trop longue, je vous livre mon avis sur cette histoire, en évitant de la spoiler.

      Ma première impression en lisant cette œuvre est un merveilleux étonnement. Jamais je n'aurais pensé qu'une œuvre qui date quand même de 1844, possède une histoire ficelée avec autant de soins. Chaque chapitre est important et laisse des petits indices qui laissent à présager la suite et qui, crescendo, font connaître le vrai visage de chaque personnage important. Cela rend l'intrigue (comme chacune se doit de l'être par essence) : intrigante. Ensuite, je trouve cela très agréable de lire une histoire avec une élocution aussi suave qu'elle pouvait l'être à cette époque. Les gens sont polis entre eux, même quand il s'agit de se battre. (Il est bien dommage que ces mœurs aient disparu avec le temps). D'ailleurs, Dumas nous raconte l'histoire d'un point de vue omniscient mais souvent en parlant à ses lecteurs en employant le "nous" dans des phrases comme "nous y reviendrons plus tard" ou encore "dont nous avons déjà fait la description plus haut". Cette proximité auteur-lecteur rend le récit très attachant, comme si un père contait une histoire à ses enfants. Autre point positif : chaque personnage principal est développé à la hauteur de son importance. C'est-à-dire que d'une part il va être brièvement introduit avec ses caractéristiques physiques et morales, et d'autre part, son passé se révèle autour de l'intrigue qui se resserre. Mais en aucun cas le lecteur est laissé dans le flou pour ce qui est des personnages. Je suis aussi content sur un autre point : les personnages ne sont pas manichéens. Pas même notre héros D'Artagnan. Aussi, les descriptions physiques ne sont pas extrêmement détaillées, ce qui laisse une certaine liberté au lecteur de s'imaginer chaque personnage. D'un côté je trouve cela bien et d'un autre, je préfère et aurais préféré plus de descriptions sur les traits physiques, notamment ceux de nos quatre compagnons. Dans tous les cas, il y en a assez pour s'imaginer les protagonistes. Je ne peux pas compter cela comme un point négatif, car le quotas de descriptions y est, les personnages sont physiquement et moralement cernable et cela relève d'un choix de l'auteur pour son public. En ce qui concerne les quatre personnages, je les trouve vraiment, mais alors, vraiment attachants. Ils ont tous les quatre un caractère radicalement opposé, mais ils se respectent pour ce qu'ils sont et écoutent toujours lorsqu'un des leurs prend la parole, avec chacun une grande déférence pour l'autre, et ça, c'est de la bromance. Je tairais mon avis sur les protagonistes, ainsi que l'histoire en elle-même car cela éveillerait sans doute des spoils, et je veux laisser à chacun la possibilité de découvrir ce livre par soi-même.


      Enfin, pour ceux qui ont la même question que celle qui me torturait l'esprit une fois avoir lu ce livre : oui, il y a bien une suite aux aventures de ces quatre compagnons. Et que dis-je ! Non pas une, mais deux suites ! En effet, l'œuvre de capes et d'épée d'Alexandre Dumas est une trilogie, et les deux opus suivants s'intitulent respectivement Vingt ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1846). play tic tac toe

      Aussi, je ne dirai que ceci pour conclure : des capes, des épées, des chapeaux à plumes, des duels, des intrigues de cour, de l'amour, de la vengeance, de l'amitié, du pardon, des trahisons, des promesses, tout cela au cœur de la France du XVIIème siècle sous Louis XIII ; si un seul de ces mots vous fait rêver, que faites-vous encore ici ? Foncez-donc lire cet œuvre qui en a inspiré tant d'autres et dont on ne dit point assez d'éloge !


      In terms of the four characters, I find them quite charming. They're all polar opposites, yet they appreciate each other for who they are and always listen when one of them talks, each with tremendous regard for the other, and that's what bromance is all about.

      Dernière modification par brimstoneferry (02 Juin 2022 04:08:16)

    • Artaghos d'Ultaec

      Livraddictien débutant

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      #4 26 Novembre 2022 23:48:42

      Vingt Ans Après (1845), Alexandre Dumas



      C'est sans attendre que je me suis lancé dans la suite des aventures des quatre compagnons !

      Quel plaisir de les avoir retrouvés presque inchangés après vingt années ! Dans ce second opus qui compose la trilogie des Mouquetaires, je dois dire que j'ai été agréablement surpris au niveau du scénario. L'histoire est encore plus complexe que celle des Trois Mousquetaires. Ici, elle est finement tissée, ficelée, nouée à plusieurs intrigues dans lesquelles l'auteur nous emporte si facilement. Je trouve cela formidable qu'au XIXème siècle, il y ait eu des écrivains comme Mr. Dumas qui possédaient une telle qualité littéraire pour nous raconter un récit d'aventures. De nos jours, les auteurs ayant une si bonne connaissance sur les événements politiques, économiques et culturels d'une époque qui a existé se font rares. Surtout qu'aujourd'hui, la plupart des romanciers qui écrivent de la fantasy ou science-fiction essaient de créer leur propre univers et ne reprennent pas des éléments réels et existants (noms, personnages, événements, etc.) à l'instar des pionniers de ces styles. Même si la démarche est très intéressante, bien souvent tous ces "auteurs" ne font que du recyclage de la Terre du Milieu. Et encore, leurs univers ne sont même pas au niveau des premières esquisses de J.R.R. Tolkien, qui lui au moins s'acharnait à créer une cosmogonie. Tandis que dans ce roman, Alexandre Dumas, en reprenant un époque qui l'a précédé de deux siècles, arrive vraiment à nous transporter au cœur des tensions politiques en France qui mèneront à la Fronde.

      Mais revenons-en un peu à nos quatre compagnons. Cela m'a fait très plaisir de voir qu'à travers leurs paroles et leurs actes ils ont grandis tout en demeurant authentiques. Disons que leurs qualités - qui étaient déjà à un grand niveau - se sont encore plus bonifiées, de sorte que les épreuves auxquelles ils font face démontrent le panache qu'ils ont su gardé pendant vingt ans. Et là, quand on est passionné de ces quatre camarades qui bravent tous les dangers, on a envie que leurs aventures ne s'arrête jamais. Ils nous semblent invincibles et immortels, indomptables et presque divins. Que dire de plus sans vous spoiler... On ne peut comprendre cet univers qu'en le lisant. Alors plutôt que de devoir vous raconter chaque événement qui m'a marqué, je vous invite à lire cette trilogie qui pour moi, restera LE classique des romans d'aventures écrits par des auteurs français. Chaque phrase dans ce récit, fut pour moi un régal et quelle ne fut pas ma déception en voyant la dernière page. Heureusement, ce n'est pas tout de suite que je vais quitter Paris et ses intrigues, car la véritable conclusion de ces aventures est le troisième et dernier tome : Le Vicomte de Bragelonne.

      Dernière modification par Demain Matin À L'Aube (09 Mai 2023 20:48:36)

    • Artaghos d'Ultaec

      Livraddictien débutant

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      #5 09 Mai 2023 20:47:01

      Le Vicomte de Bragelonne (1850), Alexandre Dumas



      Alors… Que dire… Que dire de la dernière et la plus grande des trois aventures des quatres légendaires… Et pour cause, il s’agit du plus long ouvrage qu’ait écrit Dumas.

      Pour commencer, ce qui est stupéfiant chez Dumas, c’est qu’il arrive à reprendre les événements historiques, les incorporer et les modifier pour bien les ficeler à ses personnages. Ainsi, on a le droit à une intrigue qui n’est pas tant différente que ça de la réalité. La véritable chose qui change, c’est qu’il intègre ses personnages, c’est-à-dire d’Artagnan, Athos, Porthos, Aramis et Raoul à son histoire, et même, à l’Histoire. Donc en fait, ce qui se passe dans son œuvre, c’est une facette, une façon dont se sont déroulés les événements racontés, si les personnages qu’il a inventés aurait existé. Même si l’on sait que lesdit protagonnistes sont inspirés, en tout cas pour leurs noms, des rééls d’Artagnan et compagnie.
      Toujours est-il que l’histoire se concentre sur le personnage de Raoul de Bragelonne, bien qu’il y ait de nombreux et même très nombreux chapitres consacrés au développement des relations entre tous les personnages secondaires de la cour. Donc évidemment, on peut être déçu et se dire : pourquoi Dumas ne se focalise pas autant sur son personnage principal, et qu’il développe plus l’arrière-plan de la vie de la cour et de ses intrigues ?
      Selon moi, Dumas est un auteur qui, à la différence de ceux de notre époque, a la volonté de respecter les faits historiques rééls. Pour cela il est malheureusement obligé de les imaginer, comme la fuite du surintendant des finances Fouquet vers Nantes, ou la romance entre Louise de Lavallière avec le roi Louis XIV. Bien sûr, il y a beaucoup de différences et de nuances notables entre cette fiction et la réalité, mais Dumas a fait ce qu’il a pu pour que son intrigue, mêlée à sa fiction, soit la plus près possible des faits historiques. Et puis, on est dans le siècle le plus glorieux de la France, alors il faut en décrire toutes les ambiances, toutes les mœurs, voilà pourquoi le lecteur a droit à beaucoup de chapitres sur les intrigues de cour et politiques, comme ce fut le cas avec la Fronde dans Vingt Ans Après, l’opus précédent.
      Au niveau des personnages principaux : dans le premier livre de leur trilogie, Les Trois Mousquetaires, ils étaient déjà à un niveau de charisme, de panache à la française, de bonhomie et d’honneur stupéfiants. Dans Vingt Ans Après, toutes ces qualités sont portées à un niveau bien supérieur. Mais là, dans Le Vicomte de Bragelonne… Je défie n’importe qui de me trouver ne serait-ce qu’un personnage de littérature ou autre, plus fin, plus élaboré et plus classe que d’Artagnan et Athos. Ces deux amis sont l’incarnation de ce qu’est un gentilhomme et de ce que doit être un homme dans la vie quotidienne. Bien sûr, tout le monde ne peut pas être d’Artagnan ou Athos, mais ces personnages devraient être enseignés et pointés du doigt en exemples pour toutes les générations afin qu’elles s’en inspirent, surtout les jeunes. Aussi, les relations entre les personnages sont toujours plus marquantes et détaillées, c’est vraiment un bonheur d’avoir le droit à une si belle histoire entre toutes ces personnes si chères à notre cœur.
      L’écriture est toujours aussi fluide, avec un français suave et assez moderne pour que le français du XXIème siècle puisse le comprendre. C’est beau, c’est doux, c’est prenant, c’est courtois, c’est juste magnifique. Quel dommage que notre langue se soit tant appauvrie avec la modernité…
      Pour en revenir à Raoul, oui, il est souvent laissé de côté, mais c’est pour aussi parler des actions que font les quatres légendaires, et quand ce n’est pas cela, ce sont les intrigues de cour et les intrigues politiques. L’œuvre est vraiment partagée, équilibrée entre ces trois narrations. Mais si le jeune Vicomte de Bragelonne n’est pas plus développé que cela dans sa propre œuvre, c’est parce qu’il n’en a pas eu véritablement besoin. Mais cela, on ne peut le comprendre qu’en lisant ce chef-d’œuvre de la littérature française.

      De toute façon, si vous avez appréciez Les Trois Mousquetaires, et que vous avez aussi dévoré Vingt Ans Après, il ne vous reste plus qu’à attaquer le plus gros morceau, qui se lit trop vite malgré sa longueur ! Et ainsi se termine la saga des quatres légendes qui ont marqué de leurs empreintes la culture mondiale.

    • Diane Elsineus Nguyen

      Livraddictien débutant

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      #6 10 Mai 2023 17:40:22

      C'est un plaisir de lire l'émotion de passion que tu éprouves dans tes lectures, tes réflexions, c'est captivant !
    • Artaghos d'Ultaec

      Livraddictien débutant

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      #7 19 Juin 2023 14:53:53

      La Septième Diabolique (2022), Adrienne Weick



      Ce roman policier est très original car il se concentre sur une enquête, non pas criminelle, mais d'un intérêt historique, littéraire, patrimonial et même familial, ce qui lui confère un fort point positif.

      D'abord, les personnages principaux sont le soleil et la lune : nous avons le jeune homme, peu expérimenté, peureux, tête en l'air mais toujours prêt à rendre service ; et d'un autre côté, nous avons le géant grisonnant, calme et doté d'une belle sagacité bien qu'un peu misanthrope et insensible. Ceci nous donne un binome très agréable à suivre, car même s'ils sont de caractères opposés, ils vont former malgré eux une belle et bonne équipe, ce qui ne manquera pas de créer quelques petites répliques et situations assez amusantes.

      Ensuite, par rapport au schéma narratif : je ne m'attendais pas à ce que le véritable "antagoniste" si je puis dire, soit Clamorgan. À aucun moment, je ne l'ai soupçonné, surtout qu'il est arrivé en dernier à la soirée d'Anne. L'autrice nous pousse à croire que c'est Darnley, le Lord qui essaie un peu de se rapprocher d'Anne, afin de peut-être lui dérober les indices permettant de trouver la Septième Diabolique, mais non. Et même pendant tout le récit, rien ne nous indique l'identité du coupable, sauf quand Anne se fait retenir prisonnière. De même lorsque la grille du tunnel se referme sur Étienne, nous ne savons ni ne pouvons trouver l'antagoniste qui sabote la quête des protagonistes.
      De plus, il faut dire que l'enquête ne s'éparpille pas, on suit vraiment le point de vue d'Étienne et Anatole - ainsi qu'Anne durant sa séquestration - et l'autrice a très bien raccordé ces deux points de vue, notamment où Anne retrouve ses compagnons derrière la porte de la maison durant son évasion.
      Donc, au niveau de l'intrigue, chapeau ! On progresse vraiment en même temps que les deux personnages principaux, nous sommes à leurs côtés et le récit ne nous donne pas la possibilité de déduire à l'avance le méchant de l'histoire, bien que "méchant" ne soit finalement pas le meilleur terme une fois l'œuvre lue, tout est relatif. Ainsi, cela nous garde a cœur de l’incompréhension et nous maintient en haleine.

      Autre point, qui pour moi est le plus important : le travail de recherche et d'adaptation de l'autrice. Il me semble avoir compris que Mme Weick est passionnée de Jules Barbey d'Aurevilly, et du XIXème en général et je pense qu'elle a toute la légitimité, les droits, de le revendiquer. Parce que je n'ose imaginer le nombre d'heures passées à rechercher les noms, les dates, les noms des lieux, les personnages, les événements, les actions, la description des décors notamment les châteaux et le village de Valognes. Et après avoir récolté toutes les informations, le temps passé à tisser les fils de l'intrigue fictive, en restant le plus proche possible de la réalité historique et biographique de Jules Barbey d'Aurevilly. Et je sais combien c'est difficile, car il faut faire des choix, des conciliabules, il faut parfois complètement changer une partie du récit, et parfois cela perturbe tout le scénario que l'on avait imaginé. Je parle en connaissance de cause, j'en ai moi-même fait les frais. Voilà pourquoi je salue bien bas ce casse-tête immense auquel Mme Weick a dû faire face et qu'elle a - si je puis me permettre malgré que je ne sois pas du tout spécialiste du Second Empire et encore moins de la vie d'Aurevilly - si bien remodelé pour nouer son intrigue.

      Je finirai en disant que ce livre fut pour moi une belle découverte, qui change beaucoup de ce que j'ai pour habitude de lire, et où l'autrice a su brillamment me plonger dans l'ambiance de la Normandie autant que dans celle du Second Empire, aux côtés de personnages attachants, notamment grâce à un style d’écriture fluide, soutenu, teinté de descriptions qui n’ont rien à envier à personne. Ce fut un régal.

      Pour un premier roman, Mme Weick commence en grande pompe !