Les Mères
Alphonse Daudet1897

« Vois-tu, Daniel, tu es une enfant, et tu as bien fait de te réfugier près de moi. Dès aujourd'hui tu n'es plus seulement mon frère, tu es mon fils aussi, et puisque notre mère est loin, c'est moi qui la remplacerai. Le veux-tu ? Veux-tu que je sois ta mère Jacques ? Tout ce que je te demande, c'est de me laisser marcher à côté de toi et de te tenir la main. » Ce que dit Jacques au Petit Chose, c'est ce que toute mère pourrait dire à son fils. Et peut-être ces mots d'un frère aimant, qui s'offre à remplacer la vraie mère absente, sont-ils à l'origine du culte ardent et doux qu'Alphonse Daudet a voué dans ses livres à ce thème : l'amour d'une mère, le besoin d'une mère. De Mama Jansoulet à Madame Astier, elles sont toutes là : mères dévouées, protectrices ou jalouses, souffrantes ou comblées. Comme l'écrit Gustave Toudouze dans son introduction : « Il n'est presque pas d'oeuvre de Daudet qui ne renferme en quelque passage illuminé du divin sourire, en quelque chapitre de souffrance et de dévouement, la sublime figure de l'éternelle consolatrice, l'éternelle sacrifiée aussi, mais une sacrifiée sans rancune, la Mère, la maman. »