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L'auteur écrit : «Je ne crois pas que les songes soient prémonitoires, ni qu'ils donnent accès à un monde merveilleux, ni qu'ils renferment ou trahissent des secrets graves et indiscutables. Je n'apprécie guère leurs prétendues vertus poétiques. Enfin, le moins que je puisse dire est que j 'estime dérisoire la consolation qu'on prétend qu'ils apportent.»
Mais on aurait tort de ne voir ici qu'un essai de négation. L'analyse de Roger Caillois est impitoyable mais équitable. Refusant certaines théories, il a su cependant mettre en lumière un aspect essentiel du rêve, celui qui donne son titre à l'ouvrage : le sentiment d'incertitude qu' il suscite. Le rêve manifeste en effet quelle souveraine aisance jaillit quand sont éliminés les contrôles qui permettent l'œuvre constructive et diurne de l'homme. Il procure une illusion si intense et si complète de toutes les facultés et prérogatives de la conscience vigilante, qu'il jette un doute impossible à lever sur l'ensemble de son activité. Ce n'est pas par ceux de ses aspects qui l'opposent à la réalité que le rêve est redoutable et insidieux, mais tout au contraire par ceux qui l'en rapprochent et qui parviennent à la fin à faire planer sur elle aussi un soupçon décisif d'irréalité.
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