Entre deux saisons de bonheur
Irène Dische1998

Peter n'a pas une vie très drôle avec son grand-père. Chez le docteur Nagel, tout est minutieusement réglé : l'heure des repas et celle des loisirs, qui se résument à une partie de football quotidienne avec le chauffeur. Et les démonstrations d'affection ne sont pas bien vues. Alors quand son père, Laszlo, vient le chercher, c'est la fête. Laszlo n'hésite pas à faire passer une nuit blanche à Peter pour lui montrer la beauté du fleuve en crue. C'est un magicien, qui sait faire de chaque instant un jeu, une aventure. Contre l'avis de son père, Laszlo, qui vient d'obtenir un poste diplomatique à Berlin, décide d'emmener Peter avec lui. On est en 1938 et Berlin devient chaque jour plus dangereux, surtout pour des Hongrois. Peter a six ans. Il commence à maîtriser la langue allemande, qu'il parle sans accent, contrairement à son père. Il ne sait pas pourquoi, dans les cafés, son père préfère que ce soit lui qui passe la commande. Il ne sait pas qu'il pourrait devenir une victime du pouvoir nazi que tout le monde autour de lui semble respecter. Un jour, Laszlo décide de le renvoyer en Hongrie. " Je suis un homme qui a de la chance. Mais de ce point de vue-là, tu n'as pas encore fait tes preuves ", lui dit-il. Il lui promet de lui écrire chaque semaine. Il tiendra parole mais la chance lui fera défaut. Alors, pour respecter le désir de son fils et protéger encore une fois Peter de la réalité, le docteur Nagel écrira lui-même la lettre hebdomadaire... On ne peut s'empêcher de penser au film-événement de Roberto Benigni La vie est belle, en lisant cette double histoire d'amour, racontée par Irene Dische avec beaucoup de délicatesse et d'émotion.