Chienne de Jeunesse
Françoise d'Eaubonne1965

Pourquoi ces Mémoires d'une jeune fille enragée ? Jusqu'à quarante ans, une femme se projette ; ensuite, elle se raconte. Ce n'est pas une délectation nostalgique que cette évocation, dans le cas de Françoise d'Eaubonne ; elle a peu de motifs de regretter sa jeunesse, si elle en a beaucoup aimé son enfance. Ses vingt ans ont été comme tout les vingt ans de cette "génération perdue", livrés aux fous et aux monstres. Descendante d'une ancienne et pittoresque famille de trublions, de hobereaux et de hors-la-loi, élevée par des idéalistes incorrigibles bien que ruinés, elle ouvre des yeux neufs sur le monde de la guerre d'Ethiopie, de la guerre d'Espagne, de Vichy, de Dachau. Une grâce lui est faite, celle de tenir une plume et de s'en servir dès ses plus tendres années. C'est son seul recours dans une France et une époque où elle connaîtra de si bonne heure la pauvreté, l'humiliation, la misère, le meurtre et l'occupation étrangère, et où l'amour - dès qu'il cesse d'être platonique - ne se présente que pour avilir et ravager. Autre recours : l'humour, qui chez elle ne perd jamais ses droits. Ecrit dans un style violent et serré, CHIENNE DE JEUNESSE illustre l'adage de J. -P. Sartre : "Il suffit de se dépeindre pour être neuf."