Carnet intime
Zep2011

On connaissait le Zep créateur à succès (mérité !) de Titeuf. On connaissait aussi le Zep auteur d’un album pour adultes, Happy Sex, et de recueils de gags consacrés à ses souvenirs d’adolescent confronté à ces étranges créatures que sont les filles (Happy Girls) ou de virées en concerts de rock (Happy Rock). Sans oublier, car le gaillard compte plusieurs cordes à son arc, le Zep scénariste de Captain Biceps pour son copain Tebo. Avec Carnet intime, Zep révèle une autre facette de son talent : il signe un recueil de dessins réalisés au fil de ses voyages à travers le monde, du Népal en Tanzanie, ou tout simplement « en bas de chez lui », en Suisse. C’est l’occasion pour lui de montrer qu’il n’est pas seulement un dessinateur d’humour, et que sa sensibilité s’étend largement au-delà de la cour de récré qu’il met en scène dans les histoires de Titeuf. Quand il commençait à voyager, au début des années 80, le dessin lui permettait de surmonter ses angoisses et de faire naître un sentiment de familiarité avec les endroits qu’il découvrait. Sa petite amie de l’époque avait eu l’idée, pour l’inciter à sortir de chez lui et à partir avec elle sur les routes, de lui offrir un carnet à dessin dans lequel il pourrait consigner les « choses vues » au cours de leurs voyages. Au fur et à mesure, le simple plaisir du dessin pour le dessin a fini par l’emporter. Aujourd’hui, Zep ne conçoit pas un séjour à l’étranger sans une cargaison de carnets dans lesquels il consigne, d’un trait sûr nourri par un sens de l’observation aiguisé, tout ce qu’il observe autour de lui. Ce dessin « sur le motif » nourrit son travail de dessinateur de BD et lui permet de faire évoluer son trait. S’obliger à traduire le plus fidèlement possible ce qu’il voit et à dessiner des lieux ou des objets variés ne peut qu’être utile à un « bédéiste », obligé de par sa profession à coucher sur le papier des choses très différentes les unes des autres. Et puis, dessiner en plein air, au-delà de la dimension méditative de l’exercice, reste une discipline que Zep trouve très agréable, ne serait-ce que pour la relation singulière qui s’instaure entre le dessinateur et les passants. Certains s’arrêtent pour le regarder travailler, d’autres le contournent pour ne pas lui marcher dessus, comme s’il était un obstacle naturel et comme s’il était devenu un morceau du trottoir sur lequel il s’est installé… Dans le dossier de presse qui accompagne la publication de Carnet intime, Zep déclare vouloir toucher avec ce livre « les personnes aux yeux curieux ». Ce qui, entre les admirateurs de son trait qui connaissent déjà son œuvre et les amoureux d’un dessin élégant et sensible, devrait représenter pas mal de monde…