[Piranèse - Avril 2024] - Parlons du roman

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Je trouve que la grande force de ce roman réside principalement en deux points:

1) Le narrateur est à la fois très attachant dans sa grande naïveté, presque sa pureté on pourrait dire, et intrigant car au départ on a l'impression qu'il a toujours été dans cet étrange endroit.

2) La construction très habile de l'intrigue qui nous fait découvrir peu à peu ce qu'il en est, nous donnant juste ce qu'il faut d'indices pour nous garder en suspens.  C'est un jeu dangereux car si on devine trop vite, la suite peut sembler longue et redondante, mais si ça reste très confus trop longtemps ça peut décourager et lasser le lecteur, qui risque d'abandonner.

Je ne sais pas pour vous mais avec moi cette progression était parfaitement dosée, j'avais de la difficulté à déposer le livre!

Au début de ma lecture, j'avais même oublié qu'on était dans le thème Dark Academia, mais je me suis quand même rapidement méfié de l'Autre, on sent bien qu'il y a quelque chose de pas réglo avec lui!  Quand je me suis rappelé du thème, évidemment j'ai deviné qu'il s'agissait d'un professeur ou scientifique et que Piranèse devait être l'objet d'un genre d'expérience.

Par contre, je pense que les gens qui ont voté en faveur de ce thème pour ce book club ont peut-être été un peu déçus?  Parce que le lien avec le thème est assez mince, le gros de l'intrigue se déroulant dans cet étrange palais et consistant à nous faire deviner ce qui se passe!  Perso j'ai adoré découvrir ce lieu mystérieux, ces statues, les étages balayés par les marées, les squelettes qui sont les principaux compagnons de Piranèse.  Qui l'a construit?  On dirait qu'il s'est construit lui-même, qu'il est vivant!

Le combat final contre l'Autre est palpitant et j'ai aimé la fin, douce-amère: Piranèse retourne dans le «vrai monde», mais on sent bien qu'il n'y sera jamais vraiment à sa place.

Je m'interroge sur la classification en Fantasy.  Le monde du palais est-il un monde de fantasy ou plutôt un monde parallèle de science-fiction?  Qu'en pensez-vous?

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Je ne suis plutôt attachée au personnage principal Piranese, dont le nom n est d ailleurs dévoilé que tardivement et est lui même une énigme puisqu il n accepte que tardivement son identité. Il est touchant je suis d accord dans sa naïveté, mais aussi son courage , sa bonté envers l'Autre aussi , sa proximité avec la nature , l environnement qu il investit de magie . Ce qui fait la force du roman est qu on perçoit ce monde parallèle à travers son point de vue uniquement. De fait l accès à la vérité est partiel , faussé.
A propos du labyrinthe lui même , il est assez déroutant , inquiétant puisque dangereux avec ses passages immergés , ses statues mystérieuses, ses marées, ses morts surtout , et en même temps assez beau , Piranese se voit d ailleurs comme l'enfant chéri de ce palais.  On a vraiment l'impression d être perdus , à cause aussi de l absence de repères temporels , les dates ne se rapportant qu à l'arrivée de l albatros .
En ce qui concerne l Autre , j ai aimé le découvrir petit à petit , ce qui amène à changer la perception sur Piranese et à comprendre certaines incohérences comme ses habits neufs qu il apporte dans ce lieu censé être fermé. On se retrouve alors dans un schéma très manichéen , avec le personnage négatif , et l enquêtrice faisant office de sauveur .
Autre subtilité , le devenir de Piranese, qui finalement appartient au labyrinthe et n en est pas réellement sorti en quelque sorte.

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Un gros point fort du roman est ce palais envoûtant avec son océan, ses nuées et cette enfilade de pièces gigantesques pleines de statues. C’est un lieu à la fois inquiétant, dangereux et fascinant aussi qui a beaucoup de charme. Les Prisons imaginaires de Giovanni Battista Piranesi nous aident à l’imaginer mais Piranèse nous en donne une image tellement plus lumineuse que les gravures de l’architecte :pink:  Et j’ai trouvé les scènes lors des grandes marées et du déluge particulièrement impressionnantes !

Un autre point fort est Piranèse, un personnage extrêmement naïf bien qu’il soit de toute évidence un scientifique rigoureux. Le grand respect et la confiance qu’il éprouve pour son monde étrange, son optimisme à toute épreuve le rendent très attachant. Il m’a émue quand il s’efforce de ne pas oublier les fragments de vérité qu’il découvre peu à peu.
J’ai été surprise par sa faculté à identifier les odeurs au point de reconnaitre les personnes qui l’ont précédé dans le labyrinthe, sans comprendre si ça avait une importance particulière pour l’histoire :chaispas:

L’Autre est perpétuellement frustré par cet endroit, il le connait très mal alors qu’il est capable de fournir des objets « normaux » à Piranèse. Il inspire vite de la méfiance, c’est sûr qu’il ne dit pas tout ce qu’il sait à Piranèse.

Et j’ai beaucoup aimé Sarah, sa détermination à résoudre son enquête et sa faculté d’appréhender ce que ressent Piranèse

La plume est agréable à lire, et ce monde vu par les yeux de Piranèse est décrit avec beaucoup de poésie. Le rythme est bon sans longueur ni redite - si ce n’est répéter trop fréquemment qu’il est important de bien s’alimenter =)

J’ai préféré la première partie, j’ai suivi Piranèse avec beaucoup de plaisir quand il nous fait découvrir son quotidien dans cet palais étonnant. Lui n’y voit rien d’inhabituel, le trouve même bienveillant à son égard. La deuxième partie est plus prévisible. C’est quand Piranèse est confronté à notre normalité de lecteur qu’il doute et se croit fou alors que l’on devine plus rapidement que lui ce qui se passe.
Le prophète apparait trop soudainement dans l’histoire. Il m’a propulsée brutalement dans la réalité alors que j’étais encore toute émerveillée par la découverte de l’univers. Tout le reste de l’énigme est bien amenée quand Piranèse détricote peu à peu les carnets ou interprète les messages laissés à son intention. Et il fait des bilans réguliers sur les points en suspens pour ne perdre aucun lecteur :-). L’intrigue policière dans le dernier tiers est parfaitement crédible au-delà des aspects fantastiques.

Les troubles dissociatifs de la personnalité qu’éprouve Matthew dans la dernière partie sont émouvants et le soutien que lui apporte Sarah avec tant de patience fait chaud au cœur. Et les parents et amis de Matthew offrent une perspective inattendue et intéressante sur le récit quand ils suggèrent que Piranèse raconte une dépression nerveuse vue de l’intérieur, ça nous oblige à repenser toute l’histoire :ok:

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- En bonne fan de fantasy j'aime a me dire que cet univers du palais existe mais j'aimerais savoir comment ils y vont, comment il a été créé etc, j'aimerais la version de l'Autre... Je suis en soif de voyage fantastique dans ce labyrinthe.
- Enfin il y a ce réveil brutal de la deuxième partie qui suggère la dépression de Mattiew et là Bein ma déception est immense c'est moi qui pars en dépression...

Bref tout me talent de l'Autriche est là !!!

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Au contraire je n'ai pas été frustrée par la fin ouverte et la suggestion de l'autrice à la fin, c'est comme si elle m'offrait une deuxième version de son roman. Les deux coexistent en moi, celle avec l'existence d'un monde parallèle qui m'a accompagnée pendant toute ma lecture et cette autre possibilité tout aussi fascinante, la dépression de Matthew vue de l'intérieur :)